ESPACE POLITIQUE | Ne pas sous-payer les proches aidant·es
En Suisse, les besoins en accompagnement et en soins augmentent et ne peuvent pas être couverts par le seul système de santé. Bien souvent, les proches prennent en charge les soins et l’accompagnement d’un parent malade ou d’un enfant en situation de handicap. Pour y parvenir, ils ou elles réduisent leur taux d’occupation ou changent de métier.
Face à cette situation, les organisations privées engagent de plus en plus souvent des proches aidant·es, y compris pour l’aide et les soins à domicile. Ces entreprises facturent aux caisses-maladie et aux communes la majorité des prestations de soins ainsi fournies, alors qu’elles versent aux proches une rémunération relativement faible. Cette pratique doit être remise en question. Le travail des proches qui s’occupent de leur parent ou de leur enfant ne doivent pas être sous-payé.
«Un soutien adapté permettra aux proches de s’engager durablement et d’éviter l’épuisement.»
Aujourd’hui déjà, les proches assument une tâche considérable et sont fortement sollicité•es. C’est pourquoi une loi fédérale et un «Plan d’action de soutien et de décharge en faveur des proches aidants» ont été adoptés.
Des offres adaptées de soutien et de décharge doivent permettre aux proches de s’engager durablement et d’éviter l’épuisement au sein des familles. Le modèle commercial consistant à engager des proches à des conditions avantageuses va à l’encontre de ces efforts. On peut aussi s’interroger sur la motivation des proches à poursuivre malgré tout leur activité professionnelle habituelle.
La tendance à embaucher des proches aidant·es est une évolution à surveiller. Le Conseil fédéral ne voit aucune nécessité d’agir, mais entend approfondir certains points dans le cadre d’un rapport.
Malgré la pénurie aiguë de personnel dans les soins, on ne doit pas soulager le système de santé au détriment des proches aidant·es. Il convient à présent de mettre en œuvre rapidement l’initiative sur les soins infirmiers et de promouvoir des modèles de soins qui permettront de couvrir les futurs besoins en soins.
Hannes Germann est conseiller aux États UDC schaffhousois et président de l’Association des Communes Suisses.
Photo: privée