ESPACE POLITIQUE | L’habitat protégé réduit le besoin de places supplémentaires en EMS
Pour le Parlement suisse, la cause est entendue depuis 2019: une solution au financement d’un «logement protégé» devrait pouvoir passer par les prestations complémentaires (PC à l’AVS). Car à l’heure actuelle, les personnes vulnérables n’ont plus, pour des raisons purement financières, la possibilité de vivre de manière autonome et doivent donc entrer en EMS, même si elles n’ont pas véritablement besoin de soins infirmiers. Pour éviter ou au moins retarder ce cas de figure, le Conseil national ainsi que le Conseil des États ont adopté à l’unanimité une motion demandant une modification de la loi.
C’est une solution sur laquelle planche l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) depuis lors et qui devrait être enfin publiée et discutée à l’automne 2022. Selon le rapport Obsan 2022, le temps presse en effet: en raison de l’évolution démographique, la Suisse aura besoin de plus de 50’000 places supplémentaires en EMS d’ici 2040. Un besoin qui pourrait être réduit à 40’000 places, voire moins, si les personnes peu dépendantes de soins avaient la possibilité de vivre dans des logements protégés. Mais seul le financement par les PC permettrait de garantir suffisamment d’offres adaptées de ce type.
«Une forme d’habitat moins coûteuse est source d’économie, mais constitue également une réponse adéquate aux besoins des personnes concernées.»
Une première étude réalisée par les associations de branche a permis de clarifier les besoins que les solutions d’habitat protégé permettraient de couvrir. Une seconde étude a apporté des précisions quant au financement requis. Les bases nécessaires pour une modification appropriée de la loi sont ainsi réunies.
Une forme d’habitat moins coûteuse est non seulement une source d’économie, mais constitue également une réponse adéquate aux besoins des personnes concernées. L’habitat protégé a l’avantage de maintenir la mobilité et les contacts sociaux tout en garantissant la sécurité grâce à une infrastructure adaptée et à la disponibilité sur place de soins et d’un accompagnement adaptés. Une permanence téléphonique 24 heures sur 24 avec un délai d’intervention immédiat garantit aux résident·es et à leurs proches un niveau de sécurité beaucoup plus élevé que dans les logements «classiques». Enfin, le fait que plusieurs appartements soient concentrés au même endroit offre une efficacité optimale et une affectation ciblée du personnel.
Christian Streit est directeur de Senesuisse
Photo: privée