ESPACE POLITIQUE | La violence domestique touche aussi les seniors
En Suisse, plus d’une victime de féminicide sur cinq a dépassé l’âge de la retraite. Entre 2013 et 2022, 39 femmes seniors ont été tuées par un proche. Ces drames sont trop peu connus, car la violence domestique chez nos aînés reste un sujet tabou et les signalements sont rares. Raison de plus pour combattre fermement ce fléau sournois.
Ces chiffres sont à l’image de ce qui se passe dans notre pays. Une femme meurt toutes les deux semaines. Et selon l’Office fédéral de la statistique, près de 20 000 infractions ont été enregistrées dans le domaine de la violence domestique en 2022. Une situation qui ne dit rien de toutes celles et ceux qui, par peur ou par honte, se taisent.
Quelle soit physique, sexuelle ou psychologique, la violence domestique frappe avant tout les femmes mais aussi les hommes et les enfants. Elle touche toutes les couches sociales et toutes les générations. Les choses doivent changer et la législation doit être adaptée.
«Chaque être humain a droit à une vie sans violence, dans la rue comme à la maison. Jeune ou vieux, peu importe.»
En 2021, j’ai déposé au Conseil national, avec ma collègue Léonore Porchet, une initiative parlementaire visant à accroître la protection des victimes et à renforcer le suivi des auteurs, afin de limiter la récidive. Je demande à la Confédération de s’inspirer de la loi que j’ai élaborée en 2017 comme conseillère d’État dans le canton de Vaud.
L’initiative, qui est soutenue par des élues de tous les partis, repose sur deux principes: «qui frappe part» et une meilleure prise en charge de la victime et de l’auteur. Un instrument qui s’est avéré efficace, puisque les décisions d’éloignement ont été multipliées par dix dans le canton de Vaud. Or ce dispositif n’est appliqué que dans les cantons romands, à Saint-Gall, Nidwald et à Obwald
Je propose donc d’inscrire ce principe dans le Code civil afin que tous les cantons prononcent l’expulsion immédiate de l’auteur du logement. Ce qui mettra fin à la double peine des victimes qui ont été violentées et qui doivent quitter leur foyer alors que l’auteur reste à la maison. Ce message a été entendu par les deux commissions des affaires juridiques du Parlement qui ont accepté mon initiative.
Chaque être humain a droit à une vie sans violence, aussi bien dans la rue qu’à la maison. Jeune ou vieux, peu importe.
Jacqueline de Quattro est conseillère nationale PLR//VD
Photo: màd