ENTREPRISES SOCIALES | Soutien sur mesure dans le monde du travail
Accompagner des jeunes et des adultes avec des besoins particuliers dans la vie professionnelle: c’est la mission première de l’entreprise argovienne Learco SA. Toutefois, la tâche devient très vite complexe, car de nouvelles questions se posent sans cesse. L’équipe de Learco s’est donc spécialisée dans la recherche permanente de nouvelles solutions.
Learco est l’acronyme de «lernen» (apprendre), «arbeiten» (travailler) et «coachen» (coacher). Ce qui se cache véritablement derrière, en revanche, est plus complexe. En effet, Learco ne se contente pas d’exister, mais se développe en permanence. Depuis le 1er août 2019, date à laquelle les quatre institutions Arwo, Domino, Orte zum Leben et Lebenshilfe ont fondé la société anonyme à but non lucratif Learco, sise à Aarau, plusieurs nouvelles branches ont déjà vu le jour. Et d’autres se créent au grés des besoins.
Par où commencer? «Notre compétence clé est l’accompagnement dans le monde du travail des jeunes et des adultes avec des besoins particuliers», résume la directrice Simone Silbereisen. Actuellement, la principale mandante de Learco est l’assurance-invalidité (AI). Au total, dix-sept coachs suivent des jeunes dans trois niveaux de formation: la formation pratique d’INSOS (FPra INSOS), la formation initiale avec attestation fédérale de formation professionnelle (AFP) et le certificat fédéral de capacité (CFC). Les apprenti·es effectuent leur formation dans des institutions sociales ou sur le marché ordinaire du travail. Cet accompagnement soulève sans cesse de nouvelles questions, pour lesquelles l’équipe de Learco se met à la recherche de solutions et de financements en fonction des besoins. Le dernier exemple en date ressort d’une collaboration avec Oberen Mühle Villmergen, une nouvelle institution partenaire. Conjointement avec ses responsables, Learco a créé une place d’apprentissage pour la nouvelle formation «FPra en accompagnement des personnes âgées». La première apprentie a débuté sa formation en août 2023.
Soutien dans le choix du métier
Depuis deux ans, sur mandat de l’AI et en plus des mesures professionnelles et d’intégration existantes, Learco propose une offre d’orientation professionnelle et d’accompagnement destinée aux jeunes ayant besoin de soutien qui fréquentent une école ordinaire. La conseillère en orientation de Learco et les coachs aident ces jeunes à choisir leur métier et à trouver une place d’apprentissage.
À l’heure actuelle, Learco accompagne cinquante-sept apprenti·es dans leur formation à des postes de travail protégés ou sur le marché ordinaire du travail. En parallèle, l’équipe aide des personnes à réintégrer le marché du travail. Les places de réinsertion dans le domaine commercial sont particulièrement appréciées, constate Simone Silbereisen. «Ces postes sont toujours pourvus immédiatement.» Le département commercial de Learco, à Aarau, propose dix places au total pour des formations soutenues par l’AI et des mesures de réinsertion. Actuellement, six apprenti·es et une stagiaire de niveau CFC ou AFP sont en formation.
«Les places dans le domaine commercial sont particulièrement appréciées.»
Simone Silbereisen
En avril 2021, Learco a lancé une nouvelle offre avec l’Office cantonal de l’économie: les coachs soutiennent les personnes en recherche d’emploi qui souhaitent volontairement se faire aider pour trouver un travail. En outre, l’Office cantonal de la migration et de l’intégration fait appel à Learco pour évaluer le potentiel de personnes issues de l’immigration et les conseiller lors de la recherche d’une formation ou d’un emploi approprié. «Ce sont des branches secondaires qui ont vu le jour au fil du temps», déclare Simone Silbereisen. Grâce aux coachs, qui travaillent majoritairement à temps partiel chez Learco, les diverses missions peuvent être menées à bien. «Jusqu’à présent, une personne de l’équipe disposant des qualifications professionnelles adéquates s’est proposée pour chaque nouvelle demande.» Les coachs, au bénéfice d’une formation en psychologie, en éducation sociale, en coaching, en pédagogie ou en orientation professionnelle, ont un large réseau dans le canton d’Argovie et ses environs, une vaste expérience dans l’intégration et du plaisir à rechercher des solutions hors des sentiers battus. Un accompagnement de ce genre dure entre trois mois et plusieurs années.
Une chance sur le marché ordinaire
En 2021, Learco a répondu à deux appels d’offres du Département de la formation, de la culture et des sports du canton d’Argovie, qui était à la recherche de nouvelles prestations ambulatoires d’accompagnement dans le domaine du travail et dans celui du logement. Même si ce dernier ne faisait pas partie des compétences clés de Learco, l’entreprise a obtenu l’adjudication pour les deux et propose aussi, depuis janvier 2022, un soutien au logement autonome. Ce qui est tout à fait logique, estime Patrick Roduner, car le travail et le logement sont étroitement liés. «Les personnes qui ont besoin de soutien pour une formation ou un emploi nécessitent aussi souvent un accompagnement pour le logement. Et inversement, celles qui travaillent de manière de plus en plus autonome souhaitent souvent gagner en indépendance au niveau du logement.» Le responsable du service Logement autonome aime encourager les personnes dans leur autodétermination et reconnaît qu’il a été assez étonné au début: les deux offres représentaient une innovation importante en Suisse.
«Pour de nombreuses personnes, c’est un énorme soulagement de savoir qu’elles sont accompagnées et soutenues à long terme lorsqu’elles.»
Simone Silbereisen
L’accompagnement de personnes bénéficiant d’une rente AI entière sur le marché du travail ordinaire fait du canton d’Argovie l’un des pionniers en matière d’intégration professionnelle. Simone Silbereisen est ravie de cette nouvelle offre: «Nous n’avons pas de délais et pouvons accompagner avec soin chaque personne aussi longtemps que nécessaire.» Cela ouvre de nouvelles possibilités sur le marché régulier du travail: «Pour de nombreuses personnes, c’est un énorme soulagement de savoir qu’elles sont accompagnées et soutenues à long terme lorsqu’elles se lancent sur le marché du travail ordinaire ou décident de vivre de manière autonome.»
En général, Simone Silbereisen estime que tous les offices et services compétents «offrent un grand soutien et sont orientés solutions». En outre, un nombre étonnant d’entreprises sont prêtes à assumer leur engagement social et à embaucher des personnes ayant des besoins particuliers, mais uniquement à un salaire au rendement effectif, l’AI prenant en charge la rente des bénéficiaires en plus. Ici aussi, l’équipe de Learco doit souvent faire preuve de créativité: «Dans certaines entreprises, un salaire de 900 francs pour un emploi à 80 % ne peut être introduit dans aucun système salarial», explique Simone Silbereisen. «Nous devons donc trouver nos propres solutions.»
Les coachs travaillent sur cinq sites: à Hausen, Lenzburg, Menziken, Wettingen et Aarau, où se trouve le siège de l’entreprise. Pour Patrick Roduner, ce travail en réseau est très motivant. Il n’avait encore jamais recherché de solutions avec autant d’enthousiasme: «L’environnement dynamique et les échanges réguliers incitent à réfléchir constamment à ses propres actions.»
Que ce soit dans le domaine du travail ou du logement, les personnes obtiennent toujours le soutien nécessaire. «Certaines personnes ont besoin d’un accompagnement régulier, explique Patrick Roduner, alors que d’autres ne nécessitent qu’une assistance ponctuelle.» Parfois, l’accompagnement pour le logement prend simplement la forme d’une aide administrative, par exemple quand on ne sait pas que faire avec une commande Zalando. Quant au soutien pour la recherche d’emploi, il peut consister à frapper à la porte d’une entreprise même si le profil du poste ne correspond pas. Si, par exemple, un emploi d’installateur sanitaire est à pourvoir, il se peut qu’un poste à la réception soit aussi créé. «Cela fonctionne parfois: nous ouvrons les portes et trouvons ainsi souvent des solutions taillées sur mesure.» Pour le logement comme pour le travail, l’essentiel est qu’il s’agisse d’un coaching, c’est-à-dire d’une autonomisation.
Oser se lancer sans risque
Pouvoir se lancer sans risque sur le marché du travail ordinaire donne lieu à des success-stories comme celle de Sacha Rennhard, âgé de 26 ans: après un apprentissage d’employé d’exploitation AFP à l’Institut Paul Scherrer et à la fondation Domino, il a obtenu son certificat fédéral de capacité et a terminé troisième de sa classe. Son objectif: «En finir avec l’AI!» Sacha Rennhard a donc été l’un des premiers à contacter Learco en 2022 pour se faire accompagner sur le marché du travail ordinaire. Durant l’été, il a effectué un stage d’orientation chez Antalis comme logisticien. En tant que coach professionnelle, Simone Silbereisen l’a aidé à élaborer le contrat de travail avec l’entreprise et à définir le salaire au rendement, puis l’a accompagné durant la période d’essai. Désormais, ils ne se rencontrent plus qu’une fois par mois. Pour Simone Silbereisen, c’est idéal: «J’ai ainsi pu coacher Sacha Rennhard et Antalis autant que nécessaire.»
Elle réfléchit un instant avant de résumer: «Notre objectif est que chacune et chacun trouve un lieu qui lui convienne. Que ce soit en termes de travail ou de logement, nous donnons aux personnes les moyens d’atteindre l’autodétermination.» Patrick Roduner approuve. La vaste offre est pertinente, car tout le monde n’est pas heureux sur le marché du travail ordinaire. «C’est donc une bonne chose que nous puissions offrir un soutien taillé sur mesure.» Learco continuera ainsi à se développer ces prochaines années. Si l’on devait caractériser en quelques mots cette entreprise aux structures complexes, on pourrait créer un acronyme tout aussi approprié que celui de son nom: Indyflex, pour individuelle, dynamique et flexible.
Photo: Learco/Tibor Nad